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La bibliographie sur l’histoire de l’opinion publique, de la culture politique et de la désacralisation de la monarchie au Siècle des Lumières est énorme et, comme le démontrent quelques publications récentes, elle continue toujours de susciter un certain nombre de travaux en histoire des idées et en histoire culturelle. Pour écrire une nouvelle histoire sociale de l’esprit public à Paris au Siècle des Lumières, il faut emprunter la voie de l’information, capable de retracer les communications et les échanges entre les différentes populations d’un espace donné. D’une certaine manière, l’enquête très ciblée de L’Affaire des Quatorze de R. Darnton (2014) et la perspective transnationale de P.-Y. Beaurepaire dans La communication en Europe de l’âge classique au Siècle des Lumières (2014), invitent à une position médiane, plus directe et plus représentative d’un espace vécu. Le Laboratoire Paris XVIII entend justement reconstituer la mobilité et les usages de l’information dans le Paris des Lumières, parce que cette information est le principal matériau d’une archéologie de la citoyenneté pré-révolutionnaire. Cette nouvelle infrastructure de recherche est essentielle pour reconstituer, au ras du sol, la confrontation des forces, l’émergence de nouvelles idées et l’apparition de nouvelles identités. La population, les conflits, le langage, les échanges et le commerce qui se réunissent dans un quartier, un voisinage, un carrefour ou une rue annoncent chez les acteurs un engagement personnel vers des enjeux publics, qui entend se réaliser à travers d’autres formes de solidarité et des structures insoupçonnées de sociabilité.
Situé au Département d’histoire de l’UQAM (local A-6110), le Laboratoire Paris XVIII permet d’interroger et de retracer un phénomène historique qu’aucun corpus ne peut documenter à lui seul : la circulation de l’information et son lien dans l’émergence d’une culture politique citoyenne. Les reconfigurations radicales entre le privé et le public qu’imposèrent au XVIIIe siècle les différents modes de consommation et de circulation de l’information furent aussi importantes que celles qui, aujourd’hui, sont portées par les médias sociaux, la fluidité des échanges qu’ils rendent possible, et la surveillance qui investit le privé au profit d’un espace totalement public. Ces libertés individuelles et ces formes nouvelles de sociabilité sont rapportées et situées dans un certain nombre d’archives, comme celles par exemple de la police, célébrée dès le XVIIIe siècle pour l’efficacité de ses réseaux de surveillance. La capitale est ainsi le lieu par excellence des transformations de la sociabilité urbaine et de la formation d’un espace public, en même temps qu’elle est encadrée par un appareil policier que les souverains d’Europe envient, et qui est à l’origine d’un des plus importants ensembles documentaires pour la période moderne. L’information produite, mais aussi perçue, est largement documentée dans les fonds d’archives, mais à travers des corpus – et des historiographies – qui s’ignorent et qui, bien souvent, n’ont jamais été croisés. La circulation de l’information repose sur des questions concrètes de consommation, de mobilité, d’appropriation de l’espace, de solidarité de quartier et de communauté de culture. La mise en place de la base relationnelle de données POLIS, qui rassemble et géo-localise une variété d’archives témoignant de la production, de la diffusion et de la réception des bruits publics et des nouvelles à Paris au XVIIIe siècle, permettra de reconstituer la mobilité, les usages et les conséquences politiques de l’information dans l’espace urbain.
Le Laboratoire Paris XVIII et la base de données POLIS permettront les réalisations suivantes :
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la numérisation et l’océrisation de sources complexes et variées conservées dans des fonds d’archives parisiens ;
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la création d’une base de données relationnelle portant sur la circulation de l’information à Paris et sur les identités citadines et citoyennes que ces informations peuvent fédérer ;
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l’exploitation de cette base de données via des outils de recherche et de visualisation, notamment sur une carte géo-référencée de Paris au XVIIIe siècle ;
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l’exploration des données fondée sur un dialogue international regroupant des partenaires institutionnels et individuels.
Le comité scientifique du Laboratoire Paris XVIII réunit Pascal Bastien (UQAM) et Julie Allard (Bishop’s University), Benjamin Deruelle (UQAM), Peggy Davis (UQAM), Ersy Contogouris (Université de Montréal), Christina Contandriopoulos (UQAM), Vincent Milliot (Paris-8), Lisa Jane Graham (Haverford College), Julien Puget (UQAM) et Nicolas Lyon-Caen (IHMC)
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