Dans les sociétés occidentales contemporaines entièrement régies par le droit et la loi, par les constitutions et les chartes, et envahies par une normativité galopante, l’idée d’un arbitraire du pouvoir est pour le moins surprenante. Le terme d’« arbitraire », entendu comme ce qui n’est fixé ni par le droit ni par la loi, reste le plus souvent connoté négativement, encore que, sous le vocable de « discrétion », il se charge d’une valeur morale d’intelligence, de compétence ou de sensibilité. Associé à celui d’« arbitrage », il caractérise non seulement le travail des juges mais aussi la gestion de tous les pouvoirs dans les zones grises de leur exercice.
Ce colloque international propose une lecture comparative des pratiques arbitraires/arbitrales dans le champ du droit privé, du droit pénal et de l’exercice du pouvoir public. Son objectif est d’observer les limites posées par le droit, la coutume ou la morale à l’exercice des pouvoirs, dans l’espace européen, entre le XIIe et le XVIIIe siècle. Plus spécifiquement, il fonde sa réflexion sur la distinction entre l’arbitraire des normes et celui des pratiques ; sur les différentes fonctions de l’arbitraire dans la conduite du gouvernement ; sur les résistances qu’on lui oppose et sur les valeurs politiques, sociales et culturelles qui lui opposent des garde-fous.
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