Les communautés médiévales – citadines ou rurales, politiques ou religieuses – sont depuis longtemps au cœur de l’intérêt historien. Dans les sociétés prémodernes, les communautés locales étaient à la base de toute expérience de la société : le singulier ne pouvait se penser qu’à partir du collectif; l’individu, à partir de la communauté et jamais sans. Si les pratiques des communautés supposent la coopération des membres d’un groupe en vue de la réalisation d’un objectif commun, et reposent à la fois sur une culture partagée et sur l’interaction et l’échange régulier d’informations, amenant à la prise de conscience d’une spécificité et d’une identité distincte, de nombreuses occasions de la vie en société rassemblent des foules et créent des collectivités éphémères, qui peuvent avoir une durée de vie variable. L’on peut penser à celle des foules accompagnant les translations de reliques ou des processions, à des événements liturgiques ; à celle des membres de différentes assemblées (plaid, assemblée générale, concile); aux armées en campagne, ou encore à de foules en colère, qu’il s’agisse des différents épisodes « patarins » en Italie ou des foules mettant à sac le Harzbourg d’Henri IV en 1074. Qu’est-ce qui caractérise l’expérience collective – et l’expérience personnelle d’un événement collectif ? Quelles sont les expériences et les descriptions de la foule éphémère ou du rassemblement collectif qui servent parfois à actualiser une communauté durable ? Comment l’une et l’autre sont décrites, évaluées, et comment les comprendre aujourd’hui ?
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