Dans un article de 1996, Jean-Yves Mollier définissait l’histoire de l’édition comme un « carrefour de disciplines » et l’envisageait plus particulièrement sous l’angle de l’histoire économique, de l’histoire sociale et de l’histoire culturelle, tout en refusant de l’y réduire, en raison de sa « vocation globalisante ». De ce point de vue, il est légitime de l’utiliser à la fois comme champ d’investigation et comme observatoire, afin notamment d’explorer d’autres méthodologies et d’autres manières d’écrire l’histoire des disciplines intellectuelles. Ainsi en va-t-il de l’étude des rapports de l’histoire de l’édition et de l’histoire littéraire, surtout si l’on considère avec Alain Viala que « faire l’histoire de la littérature, c’est faire l’histoire d’un objet variable et contingent. Ce ne peut donc être que faire l’histoire de ces variations, de leurs modalités, de leurs implications ». La remarque, du reste, vaut également pour l’histoire des concepts, l’histoire des idées ou encore l’histoire de l’art et l’histoire culturelle : en suivant cette perspective, on constate que le recours à l’histoire de l’édition s’impose de lui-même, puisque pendant la première modernité, les textes et les œuvres sont très souvent instables. Il importe dès lors de les appréhender dans leur matérialité. Cependant, des résistances rendent compte d’une disjonction entre les méthodes et les objectifs de ces deux moyens de concevoir des objets de recherche qui, par là, sont jugés immiscibles.
Le présent colloque revient sur les raisons et les implications, principalement historiques et idéologiques, de tels partages disciplinaires, en approfondissant la question suivante : qu’avons-nous à gagner en pensant conjointement, et dans le cadre intellectuel spécifique des XVI-XVIII siècles, histoire de l’édition et histoire des disciplines intellectuelles ?
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