Le 21 février 2007 et le 16 janvier 2013 ont été officiellement déposés sur le bureau du président de l’Assemblée nationale française deux projets de loi visant à faire des massacres perpétrés durant la guerre civile en Vendée entre 1793 et 1794 un « génocide ». L’expression choque par la puissance du jeu mémoriel qu’elle met en action, faisant explicitement référence à une autre période terrible du XXe siècle, celle de la destruction industrielle du peuple juif par les Nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Désormais, cette revendication et ce terme reçoivent dans un public large, désinformé et de moins en moins cultivé quant à la Révolution française, un certain écho qu’une récente publication a relayé évoquant des fours crématoires, un « Oradour sur Glane » vendéen… dépassant la raison historienne.
À l’invitation du GRHS et avec le soutien du CIREM 16-18, Bernard Gainot et Pierre Serna tenteront de démonter, dans un premier temps, l’opération idéologique qui se cache derrière ces dépôts de loi ; puis, dans un second temps, pour ne rien cacher des différents types de violence que durent subir les populations vendéennes, poseront les bases d’une réflexion et d’un chantier à approfondir sur les violences extrêmes en Révolution, avec une attention toute particulière à la typologie des affrontements de guerre civile et des formes d’outrances qu’ils provoquent, dans un contexte qui ne saurait faire oublier une forme d’ensauvagement du monde depuis la Guerre de Sept Ans (1756-1763) qui rompt avec une représentation seulement optimiste du siècle des Lumières. Les guerres sont ici étudiées dans leur caractère « outrancier » comme on le disait à l’époque, en s’interrogeant sur la part de responsabilité des personnes, des structures et des mutations à l’œuvre entre 1780 et 1800, et plus globalement entre 1760 et 1830.
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