Dans le cadre d’un programme de recherche subventionné par le CRSH sur la Fabrique des temps reculés à l’Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres (1701-1793), cet atelier de lecture aura pour fonction de fournir aux chercheurs un lieu de réflexion sur les travaux des académiciens pendant cette période, dans les domaines croisés de l’histoire ancienne, de la philologie, de l’épigraphie, de la numismatique, de l’archéologie et de l’histoire de l’art, qui tous ont contribué à l’élaboration de savoirs sur le passé lointain, sur l’origine des nations, voire sur les temps obscurs qu’on nommera plus tard préhistoire. En effet, si elle n’avait au départ pour mandat que l’élaboration des devises et des inscriptions à la gloire du monarque, l’Académie reçut en 1701 un nouveau règlement qui fixait sa mission en l’élargissant. Composée de quarante membres, elle devint rapidement une véritable académie de l’histoire, liée aussi bien à l’Académie française, dont elle émanait, qu’à l’Académie des sciences, avec laquelle elle tenait semestriellement des séances conjointes. Or l’étendue du passé cesse progressivement à cette époque de correspondre aux balises imposées par la Bible, à la suite de leur mise en question par les philologues, les philosophes et les scientifiques, et de leur confrontation avec celles de civilisations anciennes et différentes, que les missions étrangères et les voyages rendent désormais accessibles. Face aux récits hébreux, grecs et latins, frappés d’incertitude sur ce point, des sources alternatives apparaissent sur lesquelles se penchent les gens de lettres : tables astronomiques, ruines monumentales, fossiles, qui ont contribué à l’émancipation du cadre naguère contraignant de la tradition occidentale. Nous espérons que cet atelier permettra un véritable dialogue interdisciplinaire, à l’image des séances de l’Académie elle-même, mettant aux prises des pensées, des méthodes, des objets et des habitudes à la fois distincts et complémentaires.
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