« Toute histoire digne de ce nom est contemporaine »: cette formule de Benedetto Croce fait généralement l’unanimité parmi la communauté historienne. Faire de l’histoire consiste, inévitablement, à poser des questions depuis le présent, avec les cadres de pensée du présent. Pourtant, en tire-t-on toujours complètement les conséquences? Rien n’est moins sûr. Posée comme un préalable à l’écriture de l’histoire, cette formule n’a pas véritablement transformé les méthodes de la discipline historique, qui n’ont que très peu changé depuis la fin du XIXe siècle. Or le doute qui traverse actuellement la place et la fonction de l’histoire au sein des sociétés contemporaines est une situation propice pour tenter une histoire « à temps pleins », consistant à interroger le passé non seulement depuis le présent, mais par et pour le présent, sans pour autant céder aux pièges du « présentisme », ni de l’analogie ou de l’actualisation. A travers l’exemple de l’histoire de la Révolution française, il s’agit ici de réfléchir à la manière dont les historiennes et historiens pourraient rendre l’histoire plus forte en faisant davantage acte de présence au monde.
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