CINÉ-HISTOIRE – À l’ombre du 19e siècle

Au croisement du film historique et de l’histoire du cinéma, le Ciné-histoire propose un cycle thématique de 5 films autour d’un ou d’une cinéaste, d’une époque ou d’une question commune. La projection de l’œuvre est précédée d’une brève présentation du film, lequel sera suivi d’une discussion animée par un historien ou une historienne.

Lorsqu’il dépasse le simple « film en costumes », le cinéma historique constitue un exercice particulièrement exigeant d’écriture du passé. Comme pour l’historien et l’historienne les plus rigoureux, scénaristes et cinéastes interrogent l’histoire en reconstituant la trajectoire de personnages complexes, généralement aux prises avec des dilemmes moraux. Les plus grands films historiques réussissent à reconstituer l’étrangeté du temps passé tout en le liant avec des enjeux et des questions atemporels.

À l’ombre
du 19e siècle

22 juin 2023 – 26 octobre 2023

« C’était le meilleur des temps, c’était le pire des temps, c’était l’âge de la sagesse, c’était l’âge de la folie, c’était l’époque de la croyance, c’était l’époque de l’incrédulité, c’était la saison de la Lumière, c’était la saison des Ténèbres, c’était le printemps de l’espoir, c’était l’hiver du désespoir. »

Charles Dickens (1859)

Dans le roman, le théâtre, la peinture et même la musique de son époque, le 19e siècle est traversé par des passions, des drames et des fureurs que semble provoquer le choc de ses contradictions. En effet, l’art a magnifiquement mis en scène cette époque d’innombrables paradoxes, comme si sa cohérence reposait sur un jeu de miroirs où chaque événement, chaque élan, était porté par son contraire. Le 19e siècle, au fond, fut un puzzle d’ombres et de lumières. Ainsi les démocraties libérales y naissent, au moment même où la colonisation s’accélère et opprime les peuples soumis aux métropoles ; l’industrialisation favorise la circulation des biens et des marchandises, mais creuse du même coup les inégalités et normalise la misère urbaine et la colère ouvrière ; la science et le rationalisme accélèrent le processus de sécularisation, tandis que les plus hautes sphères de la société se passionnent d’occultisme, de magie blanche et de spiritisme. 

Et le siècle, enfin, se termine… avec l’invention du cinéma.

La programmation « À l’ombre du 19e siècle » a justement choisi des œuvres structurées autour des antagonismes de l’époque, entre la noirceur des destins et le champ de possibles émancipations. Les films opposent, face à la difformité, la cruauté des uns à la bienveillance des autres ; dévoilent le choc, puis la complicité, entre le monde des vivants et celui des morts ; racontent les conditions difficiles de migrants fuyant la misère sans toujours pouvoir en éviter une nouvelle ; et confrontent l’arrogance des hommes à la puissance implacable de la Nature.

Chaque film proposé déjoue la linéarité du récit pour se construire sur une tension : celle de la détresse et de l’espoir, des contraintes et du voyage, du calme et de la tempête. « C’était le meilleur des temps, c’était le pire des temps… »

La bande-annonce ___