PERSPECTIVES
CITOYENNES
Anonyme, Brissot et 20 de ses complices condamnés à mort par le tribunal révolutionnaire, 1793, Paris, Musée Carnavalet.
Depuis quelques décennies déjà, nombreux sont les enjeux qui viennent remettre en question notre vision « traditionnelle » de la citoyenneté, soit celle qui s’envisage dans le cadre de l’État-nation. Qu’il s’agisse de la perte de confiance des citoyens envers les institutions ou leurs représentants, des enjeux mondialisés que sont les changements climatiques et la pandémie de Covid-19, ou encore les tensions engendrées par les politiques d’immigration, il semble que les États deviennent de moins en moins outillés pour faire face à ces défis qui dépassent largement leur sphère d’influence.
Ariane Godbout,
membre étudiante du GRHS.
Ce contexte de transformations, dans lequel la capacité d’action des citoyens semble plus que jamais menacée, met en lumière un besoin urgent de repenser les bases de notre implication dans l’espace public, d’explorer différentes manières de se politiser, voire même d’emprunter de nouvelles avenues afin de redéfinir notre identité collective. C’est pour répondre à ce besoin, pour élargir notre conception de la citoyenneté et voir comment on peut retrouver une capacité d’action sur notre milieu que Perspectives citoyennes a été créé, à l’initiative d’Ariane Godbout, membre étudiante du GRHS.
Chaque capsule de cette série porte sur des aspects de la citoyenneté grâce des entrevues avec un ou plusieurs invités. En variant les échelles géographiques et temporelles, nous obtenons suffisamment de recul – de perspective – pour nous interroger sur nos propres pratiques et voir comment elles peuvent s’enrichir au travers de la discussion. Qu’il s’agisse de la réalité vécue des citoyens de la République romaine, du statut particulier des « étrangers » dans la société québécoise, ou encore des hauts et des bas du système électoral américain, la variété de sujets abordés nous permet d’éveiller notre curiosité, de nous interroger sur nos propres pratiques et d’inventer de nouvelles manières de nous réapproprier l’espace public.
Dans une volonté de créer un dialogue entre théorie et pratique, la parole a été donnée tant à des chercheurs qu’à des intervenants de terrain qui, par leur pratique, enrichissent notre compréhension de la citoyenneté en évoquant les contraintes, les imprévus, mais aussi les possibilités et les inspirations inhérentes à l’implication politique et sociale.
Épisode 7 ___
La figure
de l’étranger
au Québec,
d’hier à
aujourd’hui.
entrevue avec
Martin Paquet
Nous concluons notre série de capsules sur la citoyenneté en abordant le contraire de la figure du citoyen: celui ou celle que l’on qualifie, dans le langage courant, d’« étranger ». Dénomination qui semble à première vue évidente mais qui ne renvoie, en réalité, à rien de précis.
Qu’est-ce qu’un étranger? Étudier les processus par lesquels une personne sera tantôt qualifiée d’étrangère – surtout dans la longue durée – renseigne énormément sur les valeurs qui fondent la vie collective, sur les critères d’appartenance à un groupe et sur les manières dont ils évoluent, fondements identitaires qui font partie intégrante de la citoyenneté d’aujourd’hui et du passé.
C’est donc une plongée dans l’histoire du Québec, des premiers temps de la colonisation européenne à nos jours, que nous vous proposons dans cette capsule, en compagnie de Martin Pâquet, professeur d’histoire à l’Université Laval et auteur de l’ouvrage Tracer les marges de la Cité. Étranger, Immigrant et État au Québec, 1627-1981, publié aux éditions du Boréal.