Les projets
en cours
des membres
du GRHS
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Ce projet est coordonné par
Sophie Abdela (Université de Sherbrooke)
La proximité d’une prison est source de crainte pour les citoyens. Pourtant, les experts sont catégoriques : pour la réinsertion des détenus, la prison doit être implantée en plein cœur des villes. Le monde carcéral se trouve ainsi coincé dans une apparente contradiction.
L’histoire prouve pourtant que des relations saines peuvent s’établir entre ville et prison : à lui seul, le Paris du XVIIIe siècle comptait plus d’une douzaine de prisons. Plus encore, la plus grande prison de la capitale, le Grand Châtelet, laboratoire privilégié du présent projet, était située en plein centre de la ville. Le présent projet vise à comprendre les liens qui se tissaient entre les Parisiens du Siècle des Lumières et leurs prisons. Comment ces relations se construisaient-elles? Avec quelles conséquences? Comment cette proximité nous permet-elle de mieux comprendre les échecs et les réussites de la prison d’Ancien Régime et d’en percevoir l’écho dans nos pénitenciers contemporains? L’hypothèse de départ est que la cohabitation ville-prison entraînait à l’époque des interactions à la fois nombreuses et essentielles tant aux détenus qu’aux Parisiens du voisinage. La prison et la ville, dans le Paris du XVIIIe siècle, évoluaient dans une proximité si intense et intime, qu’elles se modifiaient et s’influençaient l’une l’autre.
Le projet a pour finalité de mettre au jour l’écosystème carcéral généré par la présence du Grand Châtelet dans un quartier central de Paris. Nous entendons ici par « écosystème » les dynamiques urbaines particulières qui se nouent autour et à travers une prison et qui participent à la mise en place d’un environnement spécifique. Cette finalité s’accompagne de trois objectifs spécifiques : 1. Reconstituer les caractéristiques topographiques de cet écosystème; 2. saisir le discours des experts de la prison et de la ville; 3. identifier les acteurs de cet écosystème et leurs interactions avec la prison.