Révolutions atlantiques et figure du Blanc.
Parenté et appartenance dans l’émancipation des sociétés coloniales

Révolutions atlantiques et figure du Blanc.
Parenté et appartenance dans l’émancipation des sociétés coloniales

Illustration : Jean-Démosthène Dugourc, Nouvelles cartes de la République française, 1793, Bibliothèque nationale de France.

Le mercredi 26 mars 2021

Un webinaire avec Aurélia Michel (Université Paris-Diderot / CESSMA)

Dès lors que cette citoyenneté est théoriquement accessible à tout humain, la difficulté, c’est de restaurer la hiérarchie qui se trouve bouleversée. Que va-t-on faire des Noirs libres, affranchis ? De leurs enfants, cousins, neveux, issus des métissages, que le stigmate de l’esclavage éloigne de la citoyenneté ? Puisqu’il n’y a pas véritablement de justification, les élites utilisent la notion de race pour répondre à ce besoin de mise en ordre des sociétés. Au moment où se redéfinit le système de parenté de l’Europe moderne et de l’occident [en France, le Code civil est adopté en 1804], elles comptent décider qui est « blanc » et donc membre du groupe, qui a des droits, et qui en est exclu. C’est un état de fait qui n’est ni justifié ni argumenté et qui pourtant s’impose parmi les élites, y compris savantes. Mais il n’y a pas d’élaboration du contenu de la race. C’est ce qui reste de l’ordre esclavagiste, tellement imprégné parmi les élites qu’il est impossible d’aller au bout de l’égalité révolutionnaire. Cette logique serait aussi valable pour les femmes, les domestiques, les vagabonds.

Aurélia Michel est historienne, maîtresse de conférences en Histoire des Amériques noires à l’Université de Paris et chercheure au Centre d’études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques (CESSMA).
Spécialiste de l’Amérique latine contemporaine, ses travaux actuels portent sur le Brésil.
Elle s’est également intéressée de manière plus générale à l’histoire de l’esclavage et de la race dans le monde atlantique, sa transmission dans l’enseignement secondaire et pour le débat public. Elle a contribué au scénario du documentaire Les routes de l’esclavage diffusé sur Arte en 2018, puis publié en 2020 l’ouvrage Un monde en nègre et blanc aux éditions du Seuil (Points Essai) 

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