Le mercredi 14 avril 2021
Un webinaire avec Guillaume Mazeau (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / CRHXIX)
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La question des liens entre les cultures visuelles et les révolutions est aujourd’hui en profond renouvellement. Depuis les années 1980, de nombreux travaux ont totalement transformé la place des images dans l’histoire des révolutions. Si elles sont encore loin de s’être banalisées, si elles sont encore trop souvent traitées comme de simples illustrations ou comme des sources de second ordre, si l’analyse iconographique reste encore peu enseignée et pas assez pratiquée, les images sont néanmoins entrées de plein droit dans les corpus utilisés par les historiens.
Les fêtes révolutionnaires et leurs images inventent un « grand spectacle de la transparence. Contrairement aux vues parisiennes ordonnées et sans habitants prisées par la bourgeoisie des Lumières, les images des fêtes de la Révolution font voir autrement l’espace urbain, vu comme un monde plein, prolongé jusqu’aux faubourgs. Le véritable citoyen n’est donc pas seulement celui qui prend les armes ou dispose du droit de vote. C’est aussi celui qui réussit à « ouvrir les yeux » et à se libérer des signes extérieurs de domination qui, dans l’esprit de l’empirisme, impriment leurs effets sur le caractère. Le désir de disparition des masques, et des artifices révèle l’utopie d’une fête dans laquelle on ne saurait tricher, son image aspirant à traduire, sans filtre, l’expérience vécue.
Cette conférence interrogera l’émergence de cette « démocratie des regards » et soulignera à quel point pouvoir voir est politique, surtout dans le contexte actuel où les mémoires sont vives, et où la place des monuments dans l’espace public est vivement remise en cause.