Dès le début du XVIIIe siècle, la connaissance des temps reculés — les quatre premiers siècles de l’histoire de Rome par exemple, qui a fait à l’Académie des Inscriptions l’objet d’un intense débat — s’est heurtée à de redoutables obstacles épistémologiques : absence de témoignages dignes de foi, disparition des archives, omniprésence du merveilleux dans la tradition historique, etc. La conception classique et naturaliste d’une histoire procédant par cycles, qui faisait des siècles illustres de l’antiquité de proches parents de l’époque actuelle, y est combattue par une conception qu’on pourrait dire linéaire, dans laquelle l’éloignement des époques très anciennes est tel qu’elles échappent aux modalités ordinaires de l’appréhension. Or il me semble que cette nouvelle perception de la distance historique est un préalable au développement d’une science historique fondée non sur la mémoire et le témoignage seuls, mais sur la critique interne de sources non nécessairement verbales (monuments, médailles et monnaies, tables astronomiques, artefacts divers). L’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres a été l’un des laboratoires où s’est développé cette discipline historique fondée sur des sciences auxiliaires — épigraphie, numismatique, géographie, chronologie, etc. Dans le cadre de cette journée d’étude, nous souhaitons explorer ce processus sous divers angles : débats sur l’épistémologie et la méthodologie de l’histoire, représentation des ruines dans les arts et la littérature, impact de l’exploration d’Herculanum entre 1738 et 1745 sur la connaissance de l’Antiquité, rôle de l’astronomie dans la chronologie des origines, etc.
—
Avec la participation de Pascal Bastien (UQAM), Geneviève Boucher (Ottawa), Frédéric Charbonneau (McGill), Christina Contandriopoulos (UQAM), Marie-Pierre Krück (Cégep Maisonneuve) et Louis Laliberté-Bouchard (McGill)
0 Avis