La « révolution du sourire » étudiée par Colin Jones suggère que ce serait ainsi la France des Lumières qui, au profit de toute l’Europe occidentale, inventa le sourire. Sous l’ancien régime dentaire qui prévalut jusque là, le sourire était considéré comme suspicieux, souvent repoussant. Les sourires édentés étaient la norme et proposaient une représentation rebutante, voire diabolique, du rire. Le sourire à bouche ouverte était caractéristique des classes les plus populaires, au contraire d’une élite plus réservée capable de contenir ses émotions. Or, dans le Paris du XVIIIe siècle, cette culture du visage fit l’objet d’une lente évolution. La politesse, de nouveaux idéaux de sensibilités et d’expression des émotions, la mise en valeur de la beauté physique –révélatrice de l’identité individuelle – et, enfin, l’émergence d’une médecine dentaire, conduisirent à une véritable révolution du sourire. Colin Jones sollicite la littérature, l’histoire de l’art, l’histoire de la médecine et l’histoire sociale et politique pour proposer une histoire du sourire qui traverse le Paris des Lumières, de la Révolution et de la Terreur, laquelle le remit profondément en cause.
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