Le statut de l’admiration aux XVIIe et XVIIIe siècles est le plus souvent résumé par la célèbre formule de Descartes selon laquelle « l’admiration est la première de toutes les passions ». L’admiration, écrit-il, est cette « subite surprise de l’âme, qui fait qu’elle se porte à considérer avec attention les objets qui lui semblent rares ou extraordinaires ». Comme toutes les autres passions, l’admiration fait constamment l’objet de recommandations touchant aux nuances de son expression. Pour plaire, il faut respecter certaines bienséances, supprimer l’expression de certaines passions et, au contraire, rechercher celles qui sont bien vues. Or, l’admiration peut être bonne ou mauvaise.
En pareil cas, la représentation de l’admiration se règle sur un principe de sélection de signes à montrer dans un univers où il importe toujours de n’engager que le meilleur de soi. Les signes et les gestes de l’admiration permettent donc de réfléchir à la question de la norme et de la régulation sociale. Y auraient-t-il des signes de l’admiration qui soient permis, légitimes, prescrits, valorisés, discutables, et d’autres qui soient douteux, proscrits, voire carrément de mauvais goût ? À partir d’un vaste corpus formé de textes appartenant à des traditions diverses, voire concurrentes (manuels de rhétorique, traités de civilité, écrits sur l’art, textes littéraires), cette conférence examinera les façons dont on admire et celles dont on se fait admirer.
0 Avis