Sociabilités et civilités révolutionnaires

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Sociabilités et civilités révolutionnaires

Séminaire doctoral de l’Institut d’histoire de la Révolution Française
sous la direction de Pascal Bastien, Jean-Luc Chappey et Pierre Serna

Le mercredi de 17heures à 19heures  en salle Marc Bloch
17 rue de la Sorbonne, escalier C deuxième étage.

Parmi les champs ouverts par le Bicentenaire, celui concernant la sociabilité a été l’un des plus féconds. D’abord parce qu’il permettait d’échapper à un clivage pour ou contre, et donnait au contraire la possibilité de travailler sur la construction concrète, précise, documentée, des liens qui avaient pu réunir ou désunir une famille, un village, une ville, un pays, voire un continent, en un temps de rupture sans précédent.

De fait, ce simple énoncé indique déjà que ce sont les sociabilités multiples et protéiformes qui sont apparues fécondes pour expliquer et redonner sens à une  histoire renouvelée de la révolution française, européenne, et américaine où la part des acteurs, la part des engagements personnels, l’attention à la subjectivité des personnes en révolution, devenaient centrale et non plus l’écume d’une histoire moins importante que celles des structures ou des systèmes d’idées.

En même temps, la notion de sociabilité posait la question de la temporalité des angles d’observation de la construction de ces rapports humains, avec des études nouvelles sur le XVIIIe siècle et les notions de doux commerce ou d’intranquillité, complexifiant l’arrivée dans l’année 1789 et au-delà de 1794 d’abord, puis 1799 ensuite, démontrant la poursuite de réseaux de sociabilités discrets, clandestins voire secrets ou tout simplement recomposés à interroger différemment selon de nouvelles pistes.

Quid des femmes, des jeunes, des inconnus, des seconds rôles, des militaires, des étrangers, des exilés, des émigrés, des ouvriers silencieux après 1795, des anciens esclaves, des femmes et des hommes de couleur, des nouvelles élites, des savants, des employés des Etats naissants ? quid du fait générationnel, tuilé en trois vagues de naissance, les Hommes de 1740 ceux de 1760 et les derniers de 1780, pour la période qui nous intéresse ?

En réalité, travailler sur la sociabilité n’a de sens que parce que l’on travaille sur des personnes identifiées.

Comment procéder ? Là est une autre question méthodologique qui sera débattue dans le séminaire…

Par l’apport des constructions de réseaux empruntées à la sociologie, par apport des formes de sensibilités étudiées surtout par les littéraires dans la mutation romantique des années 1790 1810 ? Par l’apport des sciences naturelles posant au cœur de l’harmonie sociale et donc républicaine les lois physiques du rapprochement des êtres vivants ? Par exploration de nouveaux chantiers d’histoire intellectuelle, savante, internationale, atlantique, voire coloniale ? Certainement il y a de  tout cela dans l’interrogation première de ce séminaire.

Encore faut-il ne pas s’arrêter là tant le mot de sociabilité et de réseaux a saturé ces dernières années les écrits sur la fin du XVIIIe siècle.  Nous souhaitons ici, historiens du XVIIIe siècle, de la Révolution, des Révolutions, et du début du XIXe siècle, coupler, réunir, tenter de faire fonctionner la notion de sociabilité révolutionnaire avec celle de civilité républicaine. Comment se constitue le lien entre des liaisons nouvelles nées de l’urgence du fait révolutionnaire et une volonté politique, qu’elle parte du bas ou du haut de la société, de fonder un nouveau registre de relations qui exprimeraient en toute lucidité les valeurs du nouveau régime dans la force de la rupture qu’il incarne et dans sa puissance à synthétiser le passé et l’avenir à construire.

Ce séminaire aurait alors la double ambition de faire un premier bilan sur une histoire encore vive des sociabilités et une histoire en chantier et à venir des civilités républicaines, entre politiques des sensibilités et polices des raisons, pour fonder le socle liant les citoyens faisant société républicaine entre eux.

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Mercredi 5 octobre 2016 :

Pascal Bastien, Jean-Luc Chappey, Pierre Serna

Introduction : Les nouveaux chantiers de la sociabilité en Révolution, en République

 

Mercredi 12 octobre 2016 :

Pierre Serna (Université de Paris 1, IHRF/IHMC) 

La sociabilité des animaux en exemple, de Bernardin de Saint Pierre à Frédéric Cuvier (1792-1830). 

Mercredi 19 octobre 2016 :

Jean-Luc Chappey (Université de Paris 1, IHRF/IHMC), Maria-Pia Donato (ENS, IHMC), et  John West-Sooby (University of Adelaide) 

Paysages et voyages aux Antipodes, à la fin du XVIIIe siècle.

Mercredi 26 octobre 2016 :

François Avisseau (Université de Paris 1, IHRF/IHMC)

L’expansion française en Italie : une révolution des pratiques postales (1792-1810) ?

Mercredi 9 novembre 2016 :

Vincent Denis (Université de Paris 1, IHMC)

La police et les repas fraternels, juillet 1794.

Mercredi 16 novembre 2016 :

Erica Joy Mannucci (Université de Milan)

Sylvain Maréchal de la société littéraire à la société socratique, entre rôle public, clandestinité et idéal de retraite
(1770-1802): un cas représentatif?

Mercredi 23 novembre 2016 :

Simon Burrows (Université de Sidney)

Lecture, librairie et champ littéraire  à la fin de l’Ancien Régime.

Séance commune avec le séminaire d’Antoine Lilti de l’EHESS

Mercredi 30 novembre 2016 :

Manuela Albertone (Université de Turin)

Les métamorphoses d’une sociabilité atlantique : Thomas Jefferson et ses interlocuteurs français.

Mercredi 7 décembre 2016 (séance tenue à l’IEA, 17 quai d’Anjou, 75004) :

Pascal Bastien (Université du Québec à Montréal, GRHS, IEA)

« Tout ce qui se passe passe par l’escalier » : information, voisinage et esprit public à Paris à la fin de l’Ancien Régime.

Mercredi 14 décembre 2016 (séance tenue à l’IEA, 17 quai d’Anjou, 75004) :

Marie-Eve Beausoleil (Université de Montréal), Simon Macdonald (IEA).

Révolution sans frontières ? L’émigration française à Philadelphie et l’émigration britannique à Paris, 1789-1799.

Mercredi 4 janvier 2017 :

Philippe Bourdin (Université de Clermont-Ferrand) et Cyril Triolaire (Université de Clermont-Ferrand)

Théâtre et sociétés dans la France de la Révolution et de l’Empire. 

Mercredi 11 janvier 2017 :

Pierre-Yves Beaurepaire (Université de Nice)

Les trois révolutions de la sociabilité maçonnique, 1772-1830. 

Mercredi 18 janvier 2017 :

Conclusion : 

Table ronde autour de l’ouvrage de Mariana Saad, Cabanis, comprendre l’homme pour changer le monde, Garnier, 2016.

En présence de l’auteure, et avec David Garrioch (Monash University)  

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La Cité républicaine 1770-1848

Les républiques contemporaines naissent dans des conflits déchirants (guerres civiles, guerre européenne, voire mondiale avec les empires coloniaux directement impliqués), aux États-Unis d’Amérique, dans les Provinces-Unies, en France, en Italie,  en Suisse, en Espagne, et en retour dans les espaces colonisés – non sans que la première puissance mondiale, l’Angleterre, ne soit sévèrement secouée. Un monde apparaît, que la révolution anglaise de 1688 avait contribué à fonder mais, pour autant, sans avoir réalisé la pensée des pères fondateurs du nouveau pacte social, tel que Locke le définit dans ses deux traités Du Gouvernement civil (1690-1691). D’autres concepts vont travailler le XVIIIe siècle et aider à penser le renversement des régimes dits anciens pour laisser place aux « nouveaux régimes », portés par des révoltes économiques, sociales et politiques. Quelles que soient leurs différences et leurs particularités, bien des traits communs relient les expériences révolutionnaires qui vont secouer l’Europe et l’Amérique surtout, mais aussi l’Océan indien à partir de la fin de la guerre de Sept ans.

Porté par l’Institut d’histoire de la Révolution française (IHRF), ce projet international – Cité républicaine, ou CITERE – entend réunir plusieurs équipes de recherche et proposer des activités régulières et des collaborations nouvelles, depuis de nouvelles cotutelles de thèse jusqu’à l’organisation de séminaires conjoints et de colloques internationaux. Paris bien sûr, mais aussi Cologne en Allemagne, Oxford au Royaume-Uni, Milan en Italie, Saragosse en Espagne, et Montréal grâce au GRHS, sont réunis pour entreprendre cet ambitieux chantier de recherche.

Si l’IHRF a intégré le projet dans son séminaire 2014-2015, le GRHS organisera le premier atelier international sur la Cité républicaine : Inventer la Cité républicaine : identités locales, résistances, insurrections, 1770-1848.  Cet atelier se tiendra à l’Université du Québec à Montréal les 27 et 28 avril 2016 et réunira une équipe de 17 chercheurs.

Qu’est-ce que la cité républicaine et comment comprendre ces deux termes, à la fois abstraitement et concrètement ? Abstraite, la cité républicaine est un concept qui renvoie à toute la littérature de l’utopie républicaine, du XVIe au XVIIIesiècle. La cité républicaine est « un rêve s’il en fût jamais » (Louis-Sébastien Mercier, 1770). Elle est un pays de cocagne à atteindre dans l’espoir d’y fonder définitivement la liberté, l’égalité, à terme la fraternité, puisque l’immense contradiction constitutive de la République démocratique, comme ne manquent pas de s’en apercevoir tous les pères fondateurs, repose sur cette immense difficulté à construire des modèles d’économie politique libérale, facteur d’inégalités destructrices du tissu social, et en même temps d’élaborer une protection sociale pour les plus nombreux, pour que les richesses d’une minorité ne servent pas une nouvelle aristocratie en république, pire que la noblesse dans la monarchie abolie.

Deux grands enjeux constituent les principaux objectifs de l’atelier. Il s’agira de réfléchir, dans le cadre de ces deux journées et dans une perspective interdisciplinaire cherchant à épaissir les différents contextes d’interprétation,

  • Aux conditions de formation et d’adaptation des identités locales, faites de réseaux étroits et saisis dans des laboratoires réduits d’observation, dans la ville au tournant du XIXe siècle. Plutôt que de prendre corps et de s’affirmer dans une référence au passé, les identités peuvent aussi s’inscrire et s’entendre dans un temps non advenu, dans un avenir qui peut seulement être atteint par et dans l’action. Ce sont ces conditions que nous interrogerons dans une perspective comparative et croisée.
  • A l’opérabilité et à la pertinence des notions de résistance et d’insurrection.  Le substantif insurrection est nouveau au XVIIIe siècle et ne se trouve ni dans le Dictionnaire de Trévoux (1740), ni dans celui de l’Académie (1762). On le trouve cependant dans l’Encyclopédie, au volume 8 (1766), sous la plume du chevalier de Jaucourt. « On nommoit ainsi le droit de soulevement accordé aux citoyens de Crete, lorsque la magistrature abusoit de sa puissance et transgressoit les lois. Alors il étoit permis au peuple de se soulever, de chasser ses magistrats coupables, de les obliger de rentrer dans la condition privée, et d’en nommer d’autres à leur place ». Quant à la notion de résistance, elle fut largement utilisée au XVIIIesiècle dans le discours scientifique de la physique mécanique, mais ne sera consacrée dans son acception politique qu’au XIXe, et surtout au XXe siècle. Pourtant, la notion nous apparaît utile pour penser la transition entre la formation des identités locales et l’insurrection comme action politique, et méritera ainsi d’être explorée à travers les différents espaces où elle a pu se manifester. Ces deux concepts du langage révolutionnaire, nouveaux et portés par la période qui nous intéresse, nous permettent de penser la mobilisation politique en temps de révolutions. La résistance et l’insurrection peuvent-elles être pacifiques? Sous quelles conditions, sous quelles formes, et quelles sont les seuils d’un basculement vers la violence ?
Participeront à l’atelier Sophie Abdela (UQAM/UCBN), Tassos Anastassiadis (McGill), Pascal Bastien (UQAM), Geneviève Boucher (Ottawa), Gabriel Cotte (UQAM), Jean-Luc Chappey (Paris I), Susan Dalton (Université de Montréal), Peggy Davis  (UQAM), Paul Friedland (Cornell), Maurizio Gribaudi (EHESS), Geneviève Lafrance(UQAM), Jean-Philippe Luis (Clermont-Ferrand), Virginie Martin (Paris I), Christine Métayer (Université de Sherbrooke), Julien Puget (GRHS/UQAM), Frédéric Régent (Paris I), Pedro Rujùla Lopez (Saragosse), Pierre-Yves Saunier (Université Laval), Pierre Serna (Paris I) et Thomas Wien (Université de Montréal).

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9h30-10h00 :

Allocution d’ouverture
(Pascal Bastien, UQAM-GRHS et Pierre Serna, Paris I – IHRF)

10h00-12h00 :

Révolutions atlantiques, méditerranéennes, transnationales
(sous la présidence de Thomas Wien, Université de Montréal)

  • Pierre Serna (Paris-I), « La ville républicaine : utopie révolutionnaire? »
  • Virginie Martin (Paris-I), « Gouvernance diplomatique vs gouvernement militaire dans les républiques-sœurs : contradictions et apories de la Grande Nation »
  • Tassos Anastassiadis (McGill), « Synchronie et diachronies de l’idée de République dans les milieux pré-révolutionnaires grecs ».
  • Peggy Davis (UQAM), « Les estampes du Champ d’Asile : entre propagande libérale et imaginaire national »

12h00-13h30 :

Lunch

13h30-15h30 :

Communautés de papier et territoires d’écriture
(sous la présidence de Susan Dalton, Université de Montréal)

  • Pascal Bastien (UQAM), « La cartographie du Journal de Hardy (1753-1789) : l’écriture dans la ville, l’écriture de la ville et le journal comme espace »
  • Jean-Luc Chappey (Paris-I), « Actions d’écriture et construction de l’espace urbain en Révolution »
  • Geneviève Boucher (U. Ottawa), « La « semaine mémorable » et l’imaginaire de l’insurrection dans Le Nouveau Paris de Mercier »
  • Geneviève Lafrance (UQAM), «La visite au cul-de-jatte. Sociabilité urbaine et célébrité dans “Le tireur de cartes” de Louis Sébastien Mercier»

16h00-17h30 :

Dany Fougères (UQAM) : « Les élus du peuple, cette source de toute autorité. L’administration locale de Montréal dans la première moitié du XIXe siècle : des juges de paix au Conseil de ville ».

18h00-22h00 :

Banquet, ITHQ

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9h00-10h30 :
La ville, chantier des identités

(sous la présidence de Christine Métayer, Université de Sherbrooke)

  • Julien Puget (GRHS – UQAM), « Se mobiliser pour sa rue : ‘citadinité’ et intérêt public à Paris et Marseille face à l’aménagement urbain au siècle des Lumières »
  • Maurizio Gribaudi (EHESS), « Pratiques sociales et formes urbaines – Paris 1780 – 1850 »
  • Sofi Abdela (UQAM – UCBN), « De Foucault à l’histoire urbaine, ou comment repenser la prison d’Ancien Régime »

11h00-12h30 :
Maurizio Gribaudi : « La France qui voyage : présentation du projet GeoHistoricalData ».

12h30-14h00 :
Lunch

14h00-16h00 :
Résistances et contre-révolutions : acteurs, méthodes, pratiques

(sous la présidence de Pierre-Yves Saunier, Université Laval)

  • Paul Friedland (Cornell University), « ‘Citoyens, de quelque couleur qu’ils soient’ : Race and Revolution in the French Caribbean »
  • Frédéric Régent (Paris-I), « Armement, révoltes et révolutions dans les sociétés esclavagistes des colonies françaises »
  • Pedro Rujula (U. de Saragosse), « La ville contre-révolutionnaire : anciens joueurs, nouvelles méthodes »
  • Jean-Philippe Luis (U. Clermont-Ferrand), « Les réseaux de la contre-révolution en Espagne : réflexions sur les limites de l’idéologie dans l’engagement politique ».

16h00-17h00 :
Penser localement, penser globalement la cité républicaine : synthèse et débats
(synthèse présentée par Gabriel Cotte, UQAM)

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