HumanitéS-AnimalitéS. Prolégomènes

HumanitéS-AnimalitéS. Prolégomènes

Une conférence de Pascal Bastien (UQAM)
et Philippe Genequand (Université de Montréal)  
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HumanitéS-AnimalitéS  ___

Cette conférence à deux voix a pour objectif de présenter les enjeux historiographiques, ainsi que de premières pistes de réflexion, au projet interdisciplinaire « HumanitéS-AnimalitéS ».  Cette première activité voudrait ainsi ouvrir le débat à propos des liens imaginaires et conceptuels entre humains et animaux dans une optique transdisciplinaire large et sur une période prolongée de l’histoire occidentale. L’événement, et la discussion qui suivra, doivent servir de laboratoire pour mettre en place un langage commun et un espace partagé de dialogue consacré aux liens entre humains et animaux, tout particulièrement aux discours et aux pratiques qui amènent les humains à parler de l’intelligence des animaux. Ces discours sont toujours révélateurs de ce que l’humanité affirme d’elle-même en utilisant les animaux comme miroirs.

Depuis l’ouverture du domaine des études animales, les sciences humaines et sociales, en Amérique du Nord et en Europe, ont développé un intérêt presque exclusif pour l’aspect humain de ce sujet, en examinant les usages, les pratiques et plus particulièrement les représentations humaines des animaux, en partie à cause d’un certain engouement des chercheurs pour les études culturelles depuis les années 1980. Beaucoup plus récemment en revanche, et notamment grâce à l’apport des neurosciences et de la psychologie, la perspective des animaux en tant qu’êtres qui ressentent, agissent et réagissent, qui ont leurs propres initiatives et réactions, pénètrent les préoccupations des chercheurs en sciences humaines. Les savants ont eu beaucoup à dire sur l’humanité et très peu à dire sur les animaux, qui restent absents ou sont transformés en simples prétextes, en purs objets sur lesquels les représentations, les connaissances, les pratiques humaines s’exercent sans conséquence. En ce sens, l’histoire des animaux qui s’est développée au cours des trente dernières années constitue pour une large part une histoire humaine des animaux, où ces derniers ont très peu de place en tant qu’êtres réels.