Séminaire_3_Diffusion, circulation et appropriation des savoirs

Nicolas Guérard, Pour débiter choses nouvelles…, vers 1680, Musée Carnavalet
Séminaire
GRHS

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Sous la responsabilité de

Peggy Davis (UQAM)
et Lyse Roy (UQAM)

Le séminaire privilégiera les circuits et les transmissions de l’imprimé sous toutes ses formes, sans pour autant exclure les autres productions (et marchandises) de la connaissance.

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Les séances se tiendront en comodal à l’UQAM et par visioconférence :
https://uqam.zoom.us/j/89265629687

Programmation ___

Vendredi 18 octobre 2024

12h30 – 13h45 — Montréal
En comodal — Salle R-4240 et Zoom
https://uqam.zoom.us/j/89265629687

La circulation de l’œuvre de Louis Hennepin à travers les traductions (1686-1699)

Présenté par Diego Stefanelli (chercheur post-doc à l’Université de Mayence)
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L’histoire complexe des œuvres de Louis Hennepin se mêle à celle de leurs premières et nombreuses traductions au cours des dernières décennies du XVIIe siècle : en italien, en néerlandais, en allemand, en anglais et en espagnol. Ce corpus de traductions n’a pas encore fait l’objet d’une recherche systématique. Je me propose ici d’initier une telle étude en me concentrant notamment sur les choix des éditeurs (qui ajoutaient souvent d’autres matériaux au texte de Hennepin) ainsi que sur les interventions des traducteurs sous forme de préfaces. J’ai l’intention de me concentrer sur le rôle joué par les traductions dans la diffusion de l’œuvre de Hennepin à l’échelle européenne durant les dernières décennies du XVIIe siècle, en me penchant en particulier sur la manière dont l’œuvre a été présentée et éventuellement adaptée à différents lectorats dans différentes cultures cibles.

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Diego Stefanelli est chercheur post-doc à l’Université de Mayence (campus Germersheim). Il s’occupe de l’histoire de la traduction dans le contexte francophone des XVIIe et XVIIIe siècles, en particulier des traductions scientifiques et des traductions de la littérature de voyage concernant l’Amérique. 

Vendredi 14 février 2025

12h30 – 13h45 — Montréal
En comodal — Salle R-4215 et Zoom
https://uqam.zoom.us/j/89265629687

Le projet Mythologia et l’étude des processus de constitution du savoir dans une mythographie de la Renaissance

Présenté par Céline Bohnert (Université de Reims Champagne-Ardenne et Institut Universitaire de France)
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Cette intervention présentera l’édition des Mythologiae libri decem de Natale Conti sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/Mythologia/ . Cette mythographie renaissante, qui assemble une masse colossale de connaissances sur les cultes et les divinités antiques, parut à Venise en 1567, fut augmentée à Francfort en 1581 puis fut traduite en français à partir de 1600. Le projet Mythologia consiste dans l’édition de quatre des états du texte. Mais qu’est-ce qu’éditer un corpus encyclopédique dans l’espace numérique? Comme les autres mythographies humanistes, la Mythologie résiste à notre sens de l’ordre et du classement, fondé sur le principe de distinction et sur le déploiement arborescent. Si éditer un texte consiste d’abord à le rendre intelligible, notre première tâche consiste dans la structuration de ce corpus complexe : l’édition numérique organise ainsi la rencontre de deux rapports au savoir, entre humanisme et humanités numériques, et soutient une réflexion épistémologique sur nos propres modes de pensée.

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Responsable scientifique du projet Mythologia, Céline Bohnert est maîtresse de conférences en littérature du XVIIe siècle à l’Université de Reims Champagne-Ardenne et membre junior de l’IUF 2020-2025. Elle était Visiting Fellow au Warburg Institute (University of London, School of Advanced Studies, janvier 2020 – janvier 2022). Ses travaux portent sur la réception de la mythologie antique aux XVIe et XVIIe siècles, dans ses aspects littéraires, artistiques (notamment à l’opéra), matériels et intellectuels, ainsi que sur l’œuvre de Jean de La Fontaine. Elle a codirigé plusieurs ouvrages collectifs (Jean de La Fontaine, le laboratoire des Fables, 2011 ; L’Adaptation comique, 2013 ; Poétiques de la vengeance, 2013 ; L’Anthologie, 2014). Elle a coédité avec Rachel Darmon La Mythologie de Natale Conti éditée par Jean Baudoin, Livre I (1627), Reims, ÉPURE, “Héritages Critiques”, 2020.

Vendredi 11 avril 2025

12h30 – 13h45 — Montréal
En comodal — Salle R-4215 et Zoom
https://uqam.zoom.us/j/89265629687

L’ailleurs coloré des fonds océaniens: Madrépores et polypiers des Mascareignes dans les collections françaises du XVIIIe siècle

Présenté par Charlotte Guichard (École normale supérieure, Paris)
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Dans les ‘Entretiens sur les arbres, les fleurs, et les fruits’, Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre développait la fiction d’arbres animaux à partir de l’observation des végétaux et des madrépores qui peuplent les fonds de l’Océan Indien. Ce passage bien connu, publié dans la première édition du Voyage à l’Isle de France, nous invite à interroger la contribution des Indes orientales, et en particulier de l’Océan Indien, dans la production d’un ailleurs coloré, teinté d’un imaginaire nouveau autour de la colonisation. Madrépores et polypiers viennent renouveler l’imaginaire classique du corail : présents dans les collections d’histoire naturelle en France, ils sont décrits et reproduits  dans des images savantes et certains tableaux. Tous produisent un imaginaire des fonds marins où l’étrangeté des formes et la beauté des couleurs viennent euphémiser expansion et colonisation.

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Charlotte Guichard est professeure d’histoire de l’art à l’Ecole normale supérieure (Paris). Elle est spécialiste de l’histoire des collections, du patrimoine et du marché de l’art à l’âge moderne. Elle travaille sur les cultures visuelles et matérielles (images, objets) du dix-huitième siècle dans une perspective transnationale et globale. Dans un dialogue avec les sciences sociales, ses travaux interrogent la valeur de l’art dans sa dimension économique, culturelle et symbolique. Elle a notamment publié : Les amateurs d’art à Paris au XVIIIIe siècle(2008) ; Graffitis. Inscrire son nom à Rome, XVIe-XIXe siècle (2014); La Griffe du peintre. La valeur de l’art (1730-1820) (2018); Colonial Watteau. Empire, Commerce and Galanterie in Regency France (2022). Un livre est à paraître au Seuil, avec Sophie Cras: Vendre son art. Le marché à l’oeuvre de la Renaissance à nos jours (2025). Elle travaille actuellement sur les imaginaires coloniaux dans l’art français du XVIIe au XIXe siècle.
Axe de recherche correspondant ___