Figures de l’altérité : bêtes et monstres dans l’imaginaire utopique moderne (XVIe-XVIIIe siècle)

Figures de l'altérité : bêtes et monstres dans l'imaginaire utopique moderne (XVIe-XVIIIe siècle)

19sep12 h 30 min14 h 00 minFigures de l'altérité : bêtes et monstres dans l'imaginaire utopique moderne (XVIe-XVIIIe siècle)Une conférence de Fabrice Brandli (Université de Genève)

Détails de l'événement

De Thomas More à Sade, la littérature utopique de l’époque moderne est saturée de la présence animale selon deux approches anthropocentriques complémentaires. Sur le registre de l’exploitation, les animaux prennent place dans un discours sur la prodigalité superlative de la nature dont la générosité providentielle s’articule avec le projet volontariste de sa domination au service du genre humain. Sur le registre de l’exploration, la description zoologique emprunte à la tradition des récits de voyage la structure narrative qui rend compte d’une faune plus ou moins exotique en usant volontiers de l’analogie avec le Vieux Monde, manière de rendre compte de l’altérité tout en la neutralisant. De ce schéma général, on peut dégager quatre pistes de réflexion. 1. Lorsque la société utopique se soumet au dictamen de la raison naturelle, la concorde entre l’homme et la nature peut s’accomplir sur le ton de la fraternité avec l’ensemble de la Création, concrétisée par le renoncement à toute forme de prédation poussé jusqu’au végétarisme. 2. La communauté entre les humains et les bêtes se traduit dans la définition de l’âme sur un ton souvent hétérodoxe, en se ressourçant à la philosophie antique et à un spinozisme plus ou moins matérialiste qui se dissimule la plupart du temps sous l’énonciation de régimes de croyance lointains, notamment au sujet de métensomatose. 3. Mais le naturalisme utopique peut également systématiser la représentation de l’ordre hiérarchique qui soumet la bête – comme objet d’observation et d’expérimentation – à l’homme rationnel dans le cadre de la nature corrigée, ordonnée et symétrique. 4. In fine, des animaux à l’animalité, le motif de l’hybridation dessine la figure de l’altérité anthropologique, traçant la frontière entre le « sauvage » et le « civilisé » tout en déployant de manière parfois critique l’imaginaire de la conquête coloniale.

Heure

(Lundi) 12 h 30 min - 14 h 00 min

Endroit

Espace GRHS

400, rue Sainte-Catherine Est, Montréal, H2L 2C5

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